/opinion/columnists
Une nouvelle façon de lire le Journal.
Découvrez l’application mobile

Menu burger Sections

«Papa, pourquoi étudier si l’IA me donne tout?»

«Papa, pourquoi étudier si l’IA me donne tout?»
Capture d'écran, X

Je reformule avec mes mots la lourde question posée récemment par le philosophe Luc Ferry dans Le Figaro.

Vous répondez quoi à votre enfant?

La question pourrait aussi être posée par un élève à son professeur.

Vous pensez que la réponse est facile? Je ne crois pas.

Révolution

Il est facile de sortir du chapeau une réponse moralisatrice du style: voyons, l’IA, c’est de la paresse et de la triche!

Ça risque de ne pas être très convaincant.

On peut aussi sortir la réponse autoritaire ou menaçante: tu étudies parce que je te le dis, c’est tout, sinon...

Ça ne marchera pas à long terme.

Des professeurs d’université, dit Ferry en s’appuyant sur le Financial Times, rapportent que les devoirs à la maison sont d’une qualité sans précédent alors que ceux faits en classe n’ont jamais été aussi mauvais.

Ce n’est pas sorcier, ceux faits à la maison ont pour vrai auteur un programme d’intelligence artificielle.

De surcroît, même en classe, dit-il, un téléphone bien caché et une mini-oreillette dissimulée sous une mèche de cheveux stratégiquement disposée permettent à l’IA de répondre aux questions d’un examen.

Ironie suprême, quand un professeur de l’Université libre de Bruxelles a demandé à tous les étudiants de découvrir leurs oreilles, les filles voilées ont officiellement protesté au nom de leur liberté religieuse bafouée. Le méchant islamophobe!

Au concours belge d’admission dans les facultés de médecine, le taux de succès est passé de 18,9% l’an dernier à 47% cette année.

Non, les questions n’étaient pas plus faciles qu’en 2024.

L’examen se faisait... en ligne. Bravo ChatGPT!

Il faudra donc, à l’évidence, revenir aux évaluations en classe, dit Ferry, et même possiblement à l’oral plutôt qu’à l’écrit.

Des professeurs et des institutions d’enseignement soutiennent parfois que l’IA est une aide, un complément.

C’est faux, dit Ferry, et ils le savent. Ils mentent pour masquer leur impuissance.

L’IA n’est pas un support à l’effort. Elle se substitue à l’effort.

Évidemment, l’IA met aussi en cause les compétences des professeurs.

J’ai posé à ChatGPT des questions sur la matière que j’enseignais jusqu’à il y a peu.

J’avoue que ses réponses étaient meilleures que les miennes.

En attendant, on répond quoi au jeune qui demande ce que ça donne d’étudier si une machine donne toutes les réponses?

Pas facile, hein?

Pas facile si on ne veut ni une tartine trop moralisatrice, ni une menace ouverte ou sous-entendue, ni un «parce-que-c’est-ça-qui-est-ça-et-c’est-tout».

Fierté

Ferry propose sa réponse.

Demander à l’IA, c’est facile.

Le faire soi-même, c’est difficile.

Or, on ne s’améliore pas, on n’acquiert pas de vraies compétences, on ne grandit pas intellectuellement, on n’éprouve aucune fierté si on prend toujours la voie facile.

Je n’ai pas de meilleure réponse.

Mais elle convaincra combien de jeunes d’aujourd’hui?

Je remercie l’ex-collègue qui m’a fait parvenir cette réflexion de Ferry.


0 Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter