Affaire Bétharram : un document fourni par le collectif de victimes contredit François Bayrou
Un surveillant condamné pour violences sur un élève de Notre-Dame-de-Bétharram en 1996 faisait toujours partie de l'établissement en 1997-1998, selon un document produit lundi par le collectif des victimes. De nouveaux éléments qui contredisent les propos de François Bayrou lors de son audition mercredi à l'Assemblée.
Un document, produit lundi 19 mai par le collectif de victimes de Notre-Dame-de-Bétharram, contredit les propos tenus par François Bayrou lors de son audition sur l'affaire à l'Assemblée nationale. Un surveillant condamné pour violences sur un élève de l'établissement en 1996 en faisait toujours partie en 1997-1998. Au Palais Bourbon la semaine dernière, le Premier ministre avait pourtant évoqué son licenciement.
Interrogé sous serment mercredi par les députés membres de la commission d'enquête sur les violences dans les établissements scolaires, François Bayrou, qui était ministre de l'Éducation (1993-1997) à l'époque des faits, avait présenté un courrier mentionnant le renvoi de ce surveillant, quelques mois après une inspection diligentée par ses soins à Bétharram (Pyrénées-Atlantiques).
Une version contredite par un document issu de la revue de l'établissement catholique qui indique en 1997-1998 que ce surveillant figure bel et bien dans l'organigramme au poste de conseiller principal d'éducation (CPE) pour les élèves d'âge moyen et pour l'internat.
"En 1997-1998, l'auteur de la gifle (...) est toujours présent à Bétharram, ayant même obtenu une promotion, étant CPE", a fait valoir Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes. "Il n'a été nullement licencié comme a pu le dire le Premier ministre."
"Il n'a pas été viré après sa condamnation, il a été promu"
Ce surveillant, surnommé "Sanglier" par les élèves, avait été poursuivi après une gifle assénée en 1995 à un élève qui lui avait perforé le tympan. Il avait été condamné en juin 1996 pour "coups et blessures" à 5 000 francs (environ 750 euros) d'amende avec sursis par le tribunal de Pau.
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À l'appui de ses propos, François Bayrou s'est prévalu mercredi d'un courrier adressé au rectorat "au mois de novembre 1996". "J'ai un document qui le prouve. En novembre, le supérieur ou le directeur de Bétharram adresse au recteur un suivi du rapport (d'inspection) dans lequel il lui indique que le surveillant a été licencié", a assuré le Premier ministre.
Cette déclaration a fait bondir Jean-François Lacoste-Séris, père de l'élève blessé en 1995. "Il n'a pas été viré après sa condamnation, il a été promu", avait-il déclaré dès mercredi soir à l'AFP, estimant que le Premier ministre avait "menti" ou était "mal documenté" sur ce point.
Dans ce dossier, François Bayrou est notamment accusé par la gauche d'avoir été au courant, dans le passé, des agissements dénoncés aujourd'hui, et d'être intervenu dans une affaire judiciaire impliquant un religieux de Bétharram. Le Premier ministre a démenti fermement à plusieurs reprises, dénonçant encore mercredi une "instrumentalisation" politique.
Avec AFP